Un soleil et de la pluie

Le doux soleil du matin venait de réveiller Lily. Elle ouvrit doucement ses émeraudes et s'était assise sur son lit pour regarder les rayons blancs qui filtraient les rideaux verts de sa chambre. Elle se leva et ouvrit la fenêtre. Il n'y avait pas de vent et on trouvait même une certaine chaleur dans l'air humide de la forêt qui donna une idée à la demoiselle. Elle enfila un survêtement blanc, le premier tee-shirt qui lui tomba sous la main, et une paire de baskets noirs déjà bien usés. Elle n'oublia pas non plus sa raquette rouge de tennis et une balle jaune fluo pour pouvoir mettre en pratique son idée. Elle dévala les escaliers et sortit par la porte principale. Il faisait vraiment beau pour une seconde semaine d'automne et de si bonne heure. Il était peut-être six ou sept heures du matin. Mais, ici, on perdait vite la notion du temps.

Anna emprunta le sentier qui arpentait l'est du bâtiment, après le petit pont de pierre. Sur cette façade de l'académie, il n'y avait aucune fenêtre durant trois bons mètres. Notre sportive avait identifié ce mur dès son arrivée un peu près un mois plus tôt. Elle ne s'était jamais soucié des personnes autour d'elle – enfin si il y en avait – tant elle ne s'en préoccupait pas. Et depuis, elle venait taper quelques balles par jour de beau temps. Elle ne se concentrait que sur cette balle fluo qui partait et revenait comme un boomerang. Le squash était un sport que Melle Daurore appréciait follement. Elle ne voyait souvent pas le temps passé et cela lui plaisait considérablement.

Plouf – Plif – Plof

Des gouttes d'eau glacées commencèrent à perler sur son front déjà trempé par sa sueur. Le ciel s'était assombri et les nuages gris menaçaient l'académie comme une bombe nucléaire. Légèrement déçue, Lily remonta le chemin dans l'autre sens en courant pour se faire trempé le moins possible par les gouttes d'acides froides.

Quelle serait une histoire sans ce fameux "mais".

Mais elle arriva au pont, insouciante, elle poursuivit son élan … et dérapa sur une flaque d'eau. Elle tomba sur les fesses et glissa jusqu'aux rebords de pierre contre lesquelles elle se cogna la tête. Elle ferma les yeux et se toucha l'arrière du crâne. Aucune trace de sang. Heureusement. Elle ne parvint pas à se relever mais rouvrit les yeux lentement comme le matin même. Elle chercha des yeux ses instruments de sport. Là, près d'elle sa raquette la regardait comme pour la supplier de la réparer en vitesse, et, plus loin, au pied du pont, du côté de l'académie, sa balle se baignait dans une autre flaque d'eau plus grande et plus profonde.

Soudain, Lily vit des jambes courir vers elle. Elles couraient vite, trop vites pour ne pas tomber d'ailleurs. Celles-ci fonçaient droit sur la balle qu'elles ne semblaient pas avoir vue. Normal, quelles sortes de jambes auraient des yeux pour voir un si petit obstacle? Euh … Les yeux de Lily s'éclaircirent et elle comprit enfin qu'il s'agissait s'un humain. Enfin d'une personne vivante, quoi!

"Attent …" s'exclama-t-elle.

Trop tard. La personne roula sur la balle et tomba elle aussi dans une falque d'eau glacée.

Ce matin-là, Athénaïss s’était levait avant même que le soleil ne fasse son apparition dans le ciel. Son petit réveil électronique indiquait 4 : 10 de ce faisceau lumineux qui hante tant les insomniaques. La jeune fille avait pour habitude de laisser les volets ouverts afin de voir le ciel de la nuit, et à quatre heure du matin, la nuit est encore bien présente. Seules les quelques étoiles solitaires et le réveil n’éclairaient la chambre de la demoiselle, qui se mit sur ses jambes maigres avec encore le brouillard du sommeil qui entourait ses pensées. Il lui semblait ne pas avoir dormit du tout, tant elle était fatiguée. Elle s’était habillé rapidement avec ce qu’elle avait trouvé sous la main, c’est-à dire les vêtements qu’elle avait portait la veille et qui consistaient en un vieux tricot torsadé de couleur beige _ ou tout du moins qui était sensé l’être _ et un vieux pantalon brun. Elle avait enfilé ses chaussures et s’était tressé les cheveux sans même prendre la peine de les démêler. Elle était ensuite descendu dans les escaliers rapidement, sautant deux marches à chaque foulée. Elle avait décidé de courir un peu dans le parc afin de se changer les idées. Le ciel semblait dégagé, et malgré le froid ambiant, la journée s’annonçait plutôt belle.

Elle ne vit pas le temps passait. A un moment, elle leva les yeux au ciel, avant tellement beau et bleu, maintenant si triste et si gris. Elle s’arrêta deux minutes pour observer ce gris si profond, et elle se rendit seulement compte qu’elle était trempé de sueur. Tout à coup, le vent se leva, faisant tombé quelques feuilles supplémentaires sur le sol, comme pour boucher les trou de ce tapis jaune-orangé. La tresse d’Athénaïss se souleva légèrement dans son dos. Ce temps, presque apocalyptique lui rappela une fameuse nuit dans la forêt. Ne voulant pas y repenser, elle se mit à courir le plus vite que lui permettaient ses petites jambes en fermant les yeux, sans réellement savoir où elle allait. Ses pas la menait inconsciemment vers le château de l’académie. La pluie s’était elle aussi jointe à cet orchestre de la nature. Le crayon noir d’Athénaïss se mit à couler sous l’effet de celle-ci mais également suivant le chemin que faisaient les larmes qui s’écoulaient lentement sur son visage, mais la jeune fille ne s’en rendit même pas compte.

De la même manière, elle ne se rendit pas compte de la voix qui cria quelque chose à côté d’elle, et encore de la même manière, elle ne se rendit pas compte de la minuscule balle qui la fit trébucher dans une flaque d’eau gelée, qui lui éclaboussa le visage une fois que ses fesses furent trempées. Elle ne comprit pas ce qui lui arriva.

Une fois par terre, elle mit quelques secondes avant d’ouvrir les yeux. Ses cheveux étaient trempées, et ses mèches rebelles lui dégoulinaient dans les yeux. Elle s’assit dans la flaque et regarda autour d’elle, ne sachant pas vraiment où elle se trouvait. Elle vit qu’elle se trouvait non loin de l’Académie. Et surtout elle vit qu’à quelques mètres d’elle se trouvait une jeune fille qui devait avoir à peu près son âge, également dans une flaque d’eau. Elle ne savait pas vraiment quoi faire. Devait-elle se lever et aller lui parler ou faire comme si elle ne l’avait pas vu, ou encore rester planter là dans la flaque.

Finalement elle choisit cette dernière possibilité, et resta planté dans la flaque d’eau gelée. En baissant les yeux, elle vit une petite balle dans l’eau, et qui était sûrement cause de sa chute. Elle la prit en main, et se mit à jouer avec.

Elle vit qu’on la regardait, et elle leva les yeux vers ce regard si troublant. La jeune fille était en vêtements de sport, sûrement que cette balle était la sienne.

*Heureusement que j’ai oublié mon lecteur mP3 dans ma chambre, pensa Athénaïss. Cela aurait été bête de l'inonder*

Comme souvent, ses pensées n’avaient rien à voir avec ce qui se passait autour d’elle. Finalement, pour briser le silence, elle dit :

« C’est ta balle ? »

La pauvre fille en face d'elle était trempée de la tête au pied se qui donna l'idée à Lily de se regarder elle-même. Ses cheveux qui déjà n'étaient pas coiffés ce matin avaient l'air de la paille ayant pris la pluie. Son survetêment blanc ne l'était plus vraiment teintant plus vers le gris, marron ... Enfin, une couleur encore indéfinie dont il faudrait un nom au plus vite. Ses chaussures déjà bien usés ressemblaient à des pantouffles et Lily se promis de les mettre à la poubelle au plus tôt. Elle avait d'autres paires de chaussures mais il est vrai que celle-ci étaient de loin ses préférés.

Alors, Lily dévisagea la jeune fille qui venait de tomber. Elle n'avait pas du vraiment comprendre sa chute jusqu'au moment où elle s'emparra de la balle fluo. Elle la regarda quelques instants avant de s'amuser avec, la passant d'une main à l'autre en essayant de la faire voler dans les airs, de plus en plsu hauts avec de plus en plus de force. C'était étrange la façon dont elle y trouvait un petit plaisir. Un mince sourire se déssina sur le visage d'Anna. Un sourire simple de bonheur? Il semblerait que les personnes soient un moyen extraordinaire de retrouver un sourire disparut depuis un moment.

Puis, la jeune fille leva les yeux et toutes deux se regardèrent. Elle n'était pas très grande et de longs cheveux bruns tressés dans son dos tombant dans la flaque d'eau qui avait provoqué le désastre mettant en valeur son corps maigre. Un seul regard intense fit penser à Lily à son propre regard. Un regard vert émeraude qui transperce l'esprit. Qui ne lui fasait pas penser qu'à ça d'ailleurs!

« C’est ta balle ? » demanda la jeune fille aux lèvres pulpeuses.

Lily A. Daurore entendit à peine qu'elle avait parlé tellement concentré dans son regard. Le regard qui lui rapellait celui de sa mère, qui lui rappelait celui de sa grand-mère. Des femmes qu'elle avait aimé à la folie autant que detesté. Sa façon de s'adresse à elle lui rappelait sa mère alors qu'elle buvait son deuxième ou troisième verre d'alcool. Alors, pour échapper à ses souvenirs, Anna se leva et se rapprocha d'elle. Toujours en a regardant dans les yeux, elle prit la balle et s'éloigna vers l'académie, sans lui adresser un mot ou un regard de plus. Comme si elles se détestaient déjà.

Au bout de dix pas, sentant que son regard pessait dans son dos trempé, un sourire devenu absent, Lily se retourna. Elle la regardait de nouveau regardant son regard sobre et triste, plein d'incompréhention. Puis, une petite voix, une voix abstraite, resonna dans sa tête.

* Ne te rappeles-tu donc plus pourquoi tu es là?
- ...
- Tu es là pour recommencer, faire face à tout. Alors tu arrête de rester dans ton coin et tu bouges!
- ...
- Allez va voir cette fille!
- ...
- Tout de suite !!*

Alors, comme si elle était devenu un automate, Lily revena sur ses pas, comme si elle revenait en arrière pour retablir les évèments ratés de sa vie passé. Elle était à présent à côté d'elle. Etonnament, sans rien dire, car elle n'aimait pas vraiment parler, formulant simplement un simple sourire sincérement désolé sur ses lèvres roses, elle lui tendit la main pour l'aider à se relever.

"Tu ne t'est pas fait mal, j'espère?"

Athénaïss attendait la réponse de son interlocutrice, qui elle ne semblait pas à même de lui répondre. Elle semblait obnubiler par quelque chose en elle, mais quoi. Un grand sentiment de malaise s’empara d’Athénaïss. Qu’avait-elle de si choquant pour mériter un tel regard qui semblait être un regard de mépris ? Qu’avait-elle dit ou pas dit de mal ? Une question lui tournait dans la tête : Pourquoi ? Son visage se crispa, reflétant l’incompréhension qui prenait place dans son esprit.

Tout à coup, la jeune fille en face d’elle se leva précipitamment et s’approcha d’elle. Athénaïss s’attendait à un quelconque intérêt alors que ce fut une nouvelle marque de mépris qu’elle obtenue. En effet la jeune fille lui prit la balle des mains, et s’éloigna sans un regard supplémentaire.

* ? *

Athénaïss continuait pourtant de la fixer, essayant d’attacher son regard quelque part dans son dos, n’y parvenant pas. Elle avait fait un effort qui lui paraissait surhumain afin de lui dire trois mots, autant inutiles que délivrance. Et cet effort semblait inutile quand on voyait l’effet que cela avait eu avec cette jeune fille.

Tout à coup le corps qu’elle fixait se retourna, eu un moment d’hésitation, pendant lequel son esprit semblait perdu dans un autre univers, bien que son corps était toujours statique et bien dans le même univers qu’Athénaïss. Puis celle-là s’avança vers elle et lui tendit une main avec un léger sourire.

« Tu ne t'est pas fait mal, j'espère? »

*qu… je ne comprends plus*

Le cerveau d’Athénaïss était surchargé. Une totale incompréhension l’entourait, l’empêchant de réagir. Elle ne bougea pas durant quelques minutes, alors qu’elle savait pertinemment qu’il fallait qu’elle réagisse, peu importe comment, mais elle devait faire quelque chose.

*1)Je me lève sans son aide, et je la remercie ironiquement, et je m’en vais. MAIS cela risquerait de créer une dispute, et je ne veux pas me disputer.
2) Je prends sa main comme si de rien n’était, et je la remercie. MAIS cela ne m’apportera toujours pas de réponse à mon incompréhension.
3) Je reste assise dans cette flaque jusqu’à ce qu’elle ne m’éclaire sur ce que je dois faire, ou alors jusqu’à ce qu’elle ne parte. POURQUOI PAS.*

Finalement, elle choisit de prendre la main de Lilly et de se relever.

« Non,… plus de …peur que de mal. »
*Arrêtes de bégayer crétine !!*
« Je … enfin j’étais …dans mes… je veux dire euh… je pensais à autre… chose. Enfin vous voyez… »
*Voilà que je me met à la vouvoyer maintenant.*
«C’est de ma faute… si je… je suis tombé… je ne regardais pas… où je mettais les euh… les pieds. »

*Je suis complètement ridicule !!*

Athénaïss sentait des larmes monter dans ses yeux. Heureusement que la pluie les cacherait. C’est qu’elle n’avait pas l’habitude de parler. Et cela la mettait dans un état très difficile à décrire. Elle sentait sa tête qui tournait, et se retînt de courir. Elle regarda enfin son interlocutrice dans les yeux.

« Ne prête pas attention… à ce que je dis… »

*C'est de pire en pire, elle va vraiment me prendre pour une folle!!*

Il eut un instant d'incompréhension et d'hésitation la part de son interlocutrice. Elle semblait déstabilisé par la réaction de Lily. C'est vrai que l'étrange demoiselle avait ce don bizarre de perturber l'esprit saint et clair des personnes qui avait le malheur de la rencontrer. Quelle perte de temps! De plus, Anna n'aimait pas vraiment dialoguer et avait l'imprudence de laisser ces récepteurs seuls ou sans réponses concrètes à leurs questions pourtant simples claires et précises. Lily Anna Daurore était vraiment une fille étrange.

Sa main tendue dans les airs commençait vraiment à être gelée et trempée. La demoiselle pensa même un instant se retirer, abandonnant l'autre dans sa flaque et ses ennuis. Après tout, elle, elle avait autre chose à faire. Non, ça, c'est faux. Elle n'avait rien d'autre à faire, et la seule chose qu'elle devait faire ici était de se faire accepter et de dialoguer avec quelqu'un d'autre que son cahier ou sa peluche.

Finalement, la jeune fille prit la main de Lily qui la tira pour la remonter. Elles étaient à présent toutes les deux faces à faces, trempées l'une tout autant que l'autre.

"Non, … plus de … peur que de mal. Je… enfin j'étais… dans mes… je veux dire euh… je pensais à autre… chose. Enfin vous voyez… C'est de ma faute… si je… je suis tombée… je ne regardais pas... où je mettais les euh… les pieds. Ne prêtes pas attention… à ce que je dis…"

Lily était restée là, sans comprendre à son tour. Ce sentait-elle aussi mal parce que c'était la réaction de Lily qui l'avait chamboulé ou réagissait-elle ainsi avec tout le monde? Et bien ça, Anna ne pouvait le savoir. Mais, elle aussi ne savait pas quoi lui dire pour la calmer et lui remonter le moral.

La pluie s'abattait toujours sur l'académie. Deux silhouettes étaient sur le petit pont de pierre qui les séparait de l'académie. Elles essayaient de se parler normalement mais apparemment, toutes les deux n'avaient pas eut de conversations humaines et réelles depuis un bout de temps. Mais, l'autre avait fait un effort tandis que Lily s'était contentée de l'aider à se relever. Peut-être pourrait-elle faire mieux? Mais avant de parler, Lily réfléchissait toujours à se qu'elle allait dire comme si elle devait le dire dans une langue étrangère.

- On devrait rentrer se réchauffer et manger quelque chose, déclara Lily.

Elle commença à s'avancer vers l'académie puis se retourna voyant que l'autre ne suivait pas le mouvement.

- Tu n'aurais pas perdu l'usage de tes jambes tout de même? Dit-elle en essayant de faire de l'ironie.

-On devrait se réchauffer et manger quelque chose.

Cette jeune fille était vraiment compliqué à comprendre, se disait Athénaïss. Elle me méprise, puis m’aide à me relever puis m’invite à la suivre…

-Tu n’aurais pas perdu l’usage de tes jambes tout de même ?

Athénaïss ne s’était même pas rendu compte qu’elle avait mis du temps avant de bouger. C’est pour cela que la remarque de Lilly l’étonna. Etait-ce de l’humour, ou une remarque méchante ? Peut importait, Athénaïss ne voulait surtout pas se créer d’histoires. Donc elle chercha une réponse à peu près potable, mais qui se révéla maladroite comme chacune de ses interventions.

-Euh non,… non, bien sur que non. Je, je m’étais… juste égarée dans… mes pensées.

Sa nouvelle connaissance semblait perplexe. Ne lui arrivait-il jamais d’être là physiquement, et ailleurs dans les pensées. Athénaïss était-elle la seule à se perdre dans le labyrinthe de ses pensées ? La voilà à nouveau ailleurs. Puis sentant le regard insistant de Lilly, elle lui répondit :

-Tu as sûrement raison. On devrait… rentrer. Cela serait bête de … ATCHHHHHHHH0OUUUM !!!! d’attraper… un rhume, si ce n'est... dé-déjà fait.

C’est à ce moment-là qu’elle se rendit compte qu’elle était trempée et gelée. Son pull en laine lui dégoulinait sur les jambes. Elle se rendit alors compte de la nécessité de rentrer à l’intérieur, de se sécher et de se changer. Elle regarda alors Lilly, et lui dit sur un ton plutôt déterminé :

-On … on y va ?!

Athénaïss se mit à suivre Lilly, qui elle-même s’était remise en marche.

La jeune fille parut avoir un moment d'hésitation puis formula enfin une phrase qui ne semblait n'avoir ni queue ni tête. Puis elle continuait de parler. Et … étrangement, cela plaisait à Lily. Elle entendait sa vois douce qui la rassurait. Qui lui prouvait que tout cela n'était pas simplement le fruit de son imagination Alors, elle l'écoutait, sans pour autant parler car elle détestait ça.

Rester en compagnie de cette fille, sous la pluie, toutes les deux dans le même panier, lui rappelait son principe de solidarité qu'elle n'avait pas toujours exploité de son mieux. Mais elle avait apprit à contrôler et utiliser ses principes pour en faire de bonnes choses.

Elle marchaient, d'un pas plutôt rapide, pour rejoindre l'académie sans se faire trop mouillé tandis que la pluie s'abattait sur elle comme la foudre. Lily Anna pensait alors à une immense salle chauffée qui la rendrait de meilleure humeur ainsi que des serviettes toutes chaudes. Il est vrai que la pluie et le mauvais temps rendent les gens maussades, colériques ou absents. Quel étrange phénomène! Si les extraterrestres voyaient cela, ils seraient sans doute surpris.

Anna poussa la lourde porte et pénétra dans le hall d'entrée. Il aurait du y faire froid étant donné que cette pièce est gigantesque, qu'il pleut et qu'il n'y a pas de radiateur assez grand, et pourtant … il y faisait très bon. Melle Daurore essuya ses pieds et s'avança dans la salle. Comme si l'académie avait entendu ces précédentes paroles, deux piles de serviettes blanches.

Lily sourit en songeant à ce fait. Elle pris une serviette et en tendit une seconde à sa nouvelle camarde. Elle s'en saisit. Anna s'essuya rapidement le corps, mit sa tête en avant pour sécher ses cheveux à la va vite. Puis, elle se regarda dans le miroir et put constater le merveilleux désastre.

Son visage ne ressemblait plus à grand-chose mise à part peut-être une vieille poupée rouillée, ses cheveux ressemblait d'avantage à de la paille humide qu'à des cheveux de fille et ses vêtements aurait pu sortir tout droit de la machine ça aurait fait le même effet. Malgré la chaleur qui commençait à recouvrir s chair, elle ressemblait à un épouvantail.

Toujours dans le silence, juste avec un petit sourire au coin de lèvres, qui insistait à la suivre, Lily se rendait dans la salle à manger. Elle se trouvait derrière une petite porte en chêne au fond à droite tandis que les cuisines se trouvaient à l'opposé à gauche.

Lily poussa la seconde porte. La salle n'était pas très grande, ressemblant plus à une salle de restauration dans les bars, mais avait le plafond qui s'envolait haut vers les cieux. Est-ce que tout le monde la voyait ainsi? Elle n'en était pas certaine. Car cette salle à manger lui rappelait un petit restaurant dans lequel elle avait souvent déjeuné.

Bref, Anna pris un plateau et faisait coulisser son plateau sur le fer pour prendre les aliments qu'elle mangerait. Elle pris une salade verte avec des lardons, en entrée, se servit un énorme plat de pâtes à la bolognaise et fini par un yaourt sucré. Elle alla s'installer au fond, sur une table de deux et attendit sa camarade.

Les deux jeunes filles se trouvaient enfin à l’abri. Tout comme sa camarade, Athénaïss s’essuya rapidement les cheveux avec des manières plutôt gauche, étant donné qu’elle n’avait pas comme habitude de prendre soin d’elle. Son visage, qu’elle interrogea dans le miroir, présentait deux longs traits de crayon noir sur les joues. Décidemment il était temps qu’elle s’achète un crayon résistant à l’eau. Mais quand bien même elle n’aurait pas eu ces deux affreux traits, en ce moment précis, elle n’aurait tout de même pas été aimable à regarder. Sa tresse était complètement défaite et des mèches de cheveux s’en échappé de toutes parts. Elle essaya de frotter, en vain, ces traits de crayons qui lui recouvraient le visage de part et d’autres, marquant au plus profond de sa peau, le chemin que parcouraient ses larmes. Voyant bien qu’elle n’arriverait pas à les faire partir, elle abandonna, et laissa tomber la chaude serviette blanche en pilou jusque sur le sol en pierre ancienne gelé de la pièce.

Sa camarade, qui se trouvait à peu de choses près dans le même état qu’elle, l’invita à la suivre dans la salle à manger. En y entrant, elle fut absorber entièrement par l’architecture de style gothique de cette salle, qui ressemblait plus à une antre qu’autre chose. C’est fou à quel point chaque pièce pouvait paraître décalée par rapport aux autres. C’était comme si, … comme si le château se construisait au fur et à mesure, se modifiant sans cesse, de telle sorte qu’il pouvait toujours étonner les habitants. L’œil de ceux-ci était à chaque fois attiré par ces décors, tous plus splendides les uns que les autres.

Athénaïss arriva au moment crucial, où elle devait choisir à manger. Pour elle qui considérait que manger était une perte de temps, cela semblait tellement futile. Son visage se renfrogna à la simple idée de devoir apporter quelque aliment à sa bouche, et elle se mit à se ronger les ongles, ou du moins ce qu’il en restait, ce qui signifiait qu’elle était stressé. Elle finit tout de même par se prendre quelque chose : de la salade verte, et un yaourt nature. Elle allait se diriger vers la table qu’avait pris sa camarade lorsqu’elle se dit, que si elle arrivait qu’avec cela à table, elle aurait droit à une remarque. Mieux valait qu’elle prenne une assiette de pâtes nature, même si elle n’y touchait pas, afin de se créer une sorte d’alibi.

Elle arriva à table, et déposa timidement son plateau en face de celui de sa nouvelle camarade. Elle hésita deux petites secondes avant de s’asseoir sur la chaise qui se présentait à elle, puis se prit à regarder longuement la jeune fille en face d’elle. Décidemment, elle n’avait rien en commun, tout du moins physiquement, car elle ne connaissait pas assez Lilly pour dire si psychologiquement c’était le cas. Lilly était aussi grande qu’Athénaïss est petite, aussi blonde qu’Athénaïss est brune.
Leur seul point commun résidait dans ces yeux, qu’elle avaient toutes les deux verts.

Lilly avait déjà bien entamé son assiette de pâtes tandis qu’Athénaïss avalait avec difficultés ses feuilles de salade, se forçant un peu plus à chaque bouchée.

-Tu avais faim on dirait ?
demanda Athénaïss. A peine eut-elle posait sa question, qu’elle la trouva ridicule.

*La prochaine fois je me tais…*

Un silence suivit sa réponse ce qui rempli Lily de gêne. Avait-elle été trop franche? Aurait-elle du se retenir un peu? Faire comme si cette rencontre ne lui apporterais rien alors qu’elle était certaine du contraire? Elle n’aurait pu si résoudre. Cette fille était la première à qui elle parlait depuis un bon moment maintenant. Enfin avec qui elle passait autant de temps. Enfin, celle-ci se résolu à lui répondre.

-Je m’appelle Athénaïss de Mortimer, et j’ai 16 ans. Maintenant, tu connais mon existence, une petite partie de moi. Et moi je connais ton existence et une petite partie de toi. Tu as un joli prénom.

Durant les quelques secondes où Athénaïss avait pris la parole, Anna ressentit différent sentiments.

Tout d’abord, lorsqu’elle dis son prénom, Lily en déduisit qu’elle déscendait d’une famille riche. Elle devait avoir une belle vie pourtant. Que faisait-elle ici? Elle se refusa à y songer se disant que les personnes qui se trouvaient ici avaient toutes des raisons valables et tragiques.

Il eut ensuite son âge. Lily sourit. Quel hasard!

Melle de Mortimer prononça un discours que Melle Daurore apprécia se qui accentua son sourire laissant même entrevoir ses belles dents blanches. Depuis combien de temps n’avait-elle pas sourit ainsi? Oh, un bon bout de temps!

Jusque là, c’était le sentiment simple de bonheur qui l’habitait. Elle se sentait bien. C’était tout. C’était simple.

Mais elle prononça cette dernière phrase. Une phrase qui aurait du lui faire plaisir à laquelle Lily aurait tout simplement répondre: Merci. Non, cette phrase résonnait encore dans sa tête.

*Tu as un jolie prénom*

Son sourire s’effaça. Ses souvenirs commencèrent à revenir à la surface. Elle regretta ensuite d’avoir donné sa véritable identité. Elle aurait du mentir mais elle ne peut s’y résoudre. Elle ne savait que répondre. Elle n’avait pu bouger d’un pouce. Respirait-elle encore? Elle était immobile. Elle essayait de chasser l’image de sa mère et celle de sa grand-mère qui commençait à se dessiner elle aussi.

Pour essayer de penser à autre chose, elle regarda le plateau de la jolie brune. Il était étrangement rempli et ne se vidait étrangement pas. Athénaïss ne mangea presque pas et semblait vouloir vomir le moindre aliment qu’elle mettait dans sa bouche. Lily ne voulait pas la juger, ni même lui poser de question. Elle ne voulait sans doute pas en parler. Comme Lily qui s’était plonger dans le silence depuis cinq minutes.

Puis, elle reprit son repas. Elle finit son plat, mangea son désert et finit par avaler de la mie de pain. Elle but ensuite un verre d’eau et se leva pour aller déposer son plateau. Elle partit ensuite se rasseoir.

Elle prit ensuite conscience d’une chose. Sa raquette avait disparut. Elle avait du la laisser sur le pont.

- Mince, j’ai du oublier ma raquette.

Elle se releva et avança de quelques pas vers la sortie. Et comme pour la premier fois, elle réfléchis à les raisons de sa présence dans cette établissement et se retourna:

- Tu m’accompagnes?